Décrypter le coût réel d’un séjour en unité de soins longue durée : guide pratique 2024

10/10/2025

Qu’est-ce qu’une USLD et à qui s’adresse-t-elle ?

L’unité de soins longue durée représente une structure médicalisée, rattachée à un établissement public de santé ou parfois à une clinique privée, visant à accueillir les personnes âgées dont l’état de santé requiert une surveillance médicale continue et des soins de longue durée (source : Service-public.fr). L’entrée en USLD concerne majoritairement des personnes polypathologiques ou en situation de perte d’autonomie sévère, souvent après un parcours hospitalier.

Les USLD sont différentes des EHPAD par leur profil de résidents et la médicalisation renforcée. Le nombre de places y est limité : fin 2022, environ 31 000 lits étaient répartis sur le territoire français (DREES, édition 2023).

Quels sont les éléments qui composent le coût d’un séjour en USLD ?

Le tarif journalier en USLD se décompose en trois parties principales, qui correspondent à différents postes de dépenses :

  • Le tarif hébergement : couvre la restauration, l’entretien, l’animation et l’administratif.
  • Le tarif dépendance : variable selon le niveau de perte d’autonomie (classé selon la grille AGGIR).
  • Le tarif soins : pris en charge en totalité par l’Assurance maladie pour les résidents.

La facture finale dépend donc de la combinaison des deux premiers tarifs, sur lesquels pèsent les restes à charge : hébergement et dépendance. Le forfait soins, lui, est intégralement couvert par la Sécurité sociale.

Combien coûte un séjour en USLD ? Données de 2024

Les tarifs sont fixés annuellement par l’Agence régionale de santé (ARS) et le Conseil départemental, et varient d’un établissement à l’autre. Depuis plusieurs années, une relative stabilité est observée dans les fourchettes, mais la tendance reste à la hausse.

  • Tarif hébergement journalier : en 2024, la moyenne nationale s’établit autour de 65 à 90 € par jour (source : CNSA, DREES). En Île-de-France, les tarifs grimpent parfois au-delà de 100 €, tandis que certains établissements ruraux peuvent proposer des tarifs plus modérés.
  • Tarif dépendance journalier : variable en fonction du GIR :
    • GIR 1-2 (dépendance lourde) : environ 22 € par jour
    • GIR 3-4 (dépendance modérée) : de 13 à 17 € par jour
    • GIR 5-6 (dépendance légère, rare en USLD) : souvent inférieur à 7 € par jour
    (data.gouv.fr, tarifs 2024)

À retenir : Le coût mensuel brut d’un séjour en USLD est généralement compris entre 2 300 et 3 500 € en France métropolitaine, avant déduction des aides éventuelles.

Quels sont les rôles et limites de l’Assurance maladie ?

Contrairement à un séjour en EHPAD, où la partie soins peut entraîner des avances de frais, l’USLD bénéficie d’une prise en charge complète du volet médical (forfait soins) par l’Assurance maladie. Cela inclut :

  • Les soins infirmiers
  • Les médicaments prescrits
  • Les actes médicaux réalisés sur place
  • L’accompagnement médical et paramédical quotidien

En revanche, le résident ou sa famille reste redevable de l’hébergement et du forfait dépendance, dont le coût peut peser lourdement sur un budget si aucune aide n’est sollicitée.

Quelles aides pour alléger le reste à charge ?

Plusieurs dispositifs existent pour aider les familles à faire face à la facture en USLD. Le recours à ces aides n’est pas automatique : il faut en faire la demande en amont de l’admission ou dès l’entrée.

L’aide sociale à l’hébergement (ASH)

  • Accordée par le département, elle prend en charge tout ou partie du tarif hébergement, selon les ressources du résident et de ses « obligés alimentaires » (conjoints, enfants). La réversion sur le patrimoine (recours sur succession) est possible dans certains cas.

APL ou ALS : les allocations logement

  • Les résidents peuvent prétendre à l’APL (aide personnalisée au logement) si l’établissement est conventionné, ou à l’ALS (allocation de logement sociale) dans le cas contraire. Montant moyen constaté : entre 90 € et 232 € par mois (CAF), selon la situation.

L’APA (allocation personnalisée d’autonomie)

  • Cette prestation du département est accordée en fonction du niveau de dépendance (GIR 1-4 essentiellement). Elle permet de diminuer le montant du tarif dépendance, en particulier dans les GIR les plus élevés. Un ticket modérateur résiduel reste à charge.

Fiscalité : la réduction d’impôt sur les frais d’hébergement

  • Une réduction d’impôt pouvant aller jusqu’à 2 500 € par an est possible sur 25% des dépenses d’hébergement (plafonnées à 10 000 €), sous conditions : il s’agit d’un avantage non négligeable pour les personnes imposables (article 199 quindecies du CGI).

Bon à savoir : Certaines mutuelles ou régimes complémentaires peuvent proposer un soutien ponctuel pour les frais les plus lourds.

Comment se répartit la facture ? Exemples chiffrés

Pour illustrer de manière concrète, voici deux exemples de facturation en USLD :

Situation Tarif hébergement (mensuel) Tarif dépendance (mensuel, GIR 2) APL mensuelle APA mensuelle Reste à charge
Exemple 1 : région Centre, établissement public, bénéficiaire APA & APL 2 100 € 660 € -160 € -440 € 2 160 €
Exemple 2 : Île-de-France, établissement privé, pas d’APL, APA partielle 2 900 € 710 € 0 € -340 € 3 270 €

Pour une part significative des familles, le reste à charge après aides continue d’excéder les revenus d’une pension de retraite moyenne, qui s’établit autour de 1 531 €/mois (DREES, chiffres 2023), d’où le recours fréquent à l’ASH ou au soutien familial.

Aspect territorial et inégalités de coût

Le coût d’un séjour en USLD varie fortement selon la région, la nature de l’établissement (public ou privé), la densité démographique ainsi que les politiques départementales. La différence peut dépasser 1 000 € par mois entre Paris et certaines zones rurales.

  • Île-de-France : Les tarifs hébergement sont les plus élevés (souvent >100 €/jour).
  • Provence-Alpes-Côte d’Azur : variation forte entre établissements urbains et ruraux.
  • Bretagne / Pays de la Loire : Les coûts moyens sont parfois inférieurs à 2 500 € mensuels.

Pour identifier le coût spécifique d’une USLD, il est conseillé d’utiliser les comparateurs officiels comme l’outil Pour les personnes âgées (CNSA) ou d’appeler directement les établissements.

Conseils pratiques pour anticiper le coût d’une USLD

  1. Demander un devis détaillé avant admission, faisant apparaître précisément les divers postes de frais (hébergement, dépendance, soins).
  2. Faire un point budgétaire avec la famille ou l’aidant principal, pour anticiper le reste à charge.
  3. Constituer au plus vite les dossiers d’aides (ASH, APA, APL) : ces démarches sont parfois longues, et rétroactives dans la limite de la réglementation.
  4. Se faire accompagner par une assistante sociale dès la préparation de l’hospitalisation ou à l’entrée en structure.

Les assistants sociaux hospitaliers, les centres locaux d’information et de coordination (CLIC) et les maisons France Services peuvent accompagner gratuitement les familles dans ces démarches et vérifier les droits aux aides. Pour certaines familles, il peut également être utile d’envisager en amont la vente d’un bien immobilier, l’éventuelle mobilisation du patrimoine, ou la sollicitation des organismes de prévoyance.

Quel impact sur les familles et solutions d’accompagnement ?

Le coût élevé des USLD suscite souvent de l’inquiétude, voire une certaine culpabilité chez les familles, qui se sentent impuissantes à couvrir la totalité de la dépense. Il est important de rappeler qu’aucune famille ne devrait renoncer à un accompagnement médical à cause de son coût. Des dispositifs d’accompagnement existent pour alléger cette charge : soutien temporaire des proches aidants, intervention de la caisse de retraite, aides-exceptions pour situations complexes…

Enfin, chaque situation est unique et mérite un accompagnement sur-mesure. Prendre le temps d’être informé, conseillé et soutenu, c’est préserver la dignité et le bien-être de la personne âgée, mais aussi maintenir l’équilibre familial sur la durée.

Pour aller plus loin ou obtenir un conseil gratuit, il ne faut pas hésiter à contacter la plateforme CLIC locale, le CCAS de la commune, ou l’assistant social de l’établissement hospitalier.

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