Anticiper et accompagner une admission en unité de soins longue durée : guide complet

19/10/2025

Comprendre ce qu’est une unité de soins longue durée (USLD)

Avant d’aborder les démarches, il est essentiel de définir ce que recouvre une unité de soins longue durée (USLD). Ces structures médicalisées accueillent des personnes âgées en situation de grande dépendance, souvent atteintes de multiples pathologies chroniques, qui nécessitent une surveillance médicale continue et des soins constants (source : Ministère de la Santé).

  • L’USLD se distingue de l’EHPAD par le niveau de médicalisation et de surveillance.
  • En France, environ 32 000 places sont disponibles en USLD (Drees, 2023).
  • Les séjours y sont généralement d’une durée longue, pouvant aller jusqu’à la fin de vie.

Chaque USLD est rattachée à un hôpital public ou à une clinique et fait l’objet d’un encadrement et d’une tarification spécifiques. Prendre connaissance de ces particularités aide à mieux s’orienter lors d’une entrée.

Identifier les situations qui justifient une admission

L’admission en USLD répond à une situation de dépendance lourde (GIR 1 ou 2 selon la grille AGGIR), caractérisée par une perte quasi-totale d’autonomie et/ou la nécessité d’un suivi médical permanent. Quelques exemples :

  • Maintien à domicile devenu impossible malgré toutes les aides extérieures.
  • Sortie d’hospitalisation sans possibilité de retour à domicile ou en EHPAD.
  • Pathologies neurologiques évoluées (Alzheimer sévère, Parkinson avancé, etc.).
  • Polypathologies, dénutrition, escarres nécessitant soins complexes.

Selon la HAS, en 2020, environ 14% des personnes hospitalisées pour long séjour relevaient d’un niveau de dépendance justifiant une admission en USLD.

Premiers pas : oser aborder le sujet et en parler avec les proches

La préparation à une entrée en USLD est souvent délicate, tant sur le plan pratique qu’émotionnel. La première étape consiste à en discuter avec la personne concernée lorsque c’est possible, et avec l’ensemble de la famille ou des proches aidants. Quelques recommandations utiles :

  • Aborder le projet tôt, avant la crise, pour réduire le stress et les non-dits.
  • Prendre en compte la parole et le projet de vie de la personne âgée.
  • Rassembler la famille pour faciliter la prise de décision et répartir les rôles.

Certaines études montrent que 37% des admissions sont vécues de façon brutalement imposée par les familles ou les équipes soignantes, avec un impact psychologique majoré pour l’aîné (source : Revue Gérontologie et Société, 2022). D’où la nécessité de favoriser la transparence et le dialogue.

Les démarches administratives incontournables

L’entrée en USLD répond à un protocole précis ; il est donc important de s’organiser. Les principales étapes sont :

  1. Constitution du dossier médical et social Le médecin traitant (ou hospitalier) rédige un certificat médical détaillant l’état de santé et la nécessité d’une surveillance continue. Un volet social, complété par l’assistante sociale, précise la situation familiale et les ressources.
  2. Remplir le dossier d’admission unique Depuis 2012, un dossier unique d’admission est valable pour les EHPAD et USLD. Téléchargeable sur le site gouvernemental pour-les-personnes-agees.gouv.fr, il centralise les données administratives, médicales et sociales.
  3. Transmission et suivi du dossier Le dossier peut être envoyé à plusieurs USLD, afin de multiplier les chances selon la localité et la disponibilité des places.

À noter : certaines USLD priorisent les admissions selon la gravité des situations et la localisation. Prévoir des délais d’attente (souvent 2 à 6 mois selon les régions – source : CNSA).

Comprendre les critères d’admission et l’évaluation médicale

L’admission n’est pas automatique : le dossier est évalué par une commission médicale de l’établissement. Les critères principaux :

  • État de dépendance selon la grille AGGIR : prioritairement GIR 1 ou 2.
  • Besoins médicaux incompatibles avec une prise en charge en EHPAD.
  • Analyse sociale (isolement, impossibilité de maintien à domicile).

Parfois, une visite d’évaluation est organisée à domicile ou à l’hôpital avant la décision finale. La commission forme sa décision collégiale et envoie une réponse écrite.

Coût, aides financières et aspects pratiques

Le coût moyen quotidien d’une place en USLD était d’environ 200 euros/jour en 2023 (source : Drees, Panorama des établissements de santé 2023), dont seule une partie relève du « forfait hébergement » à la charge de l’usager ou de sa famille. Le reste (soins médicaux, dépendance) est pris en charge par l’Assurance maladie. À noter :

  • L’aide sociale à l’hébergement (ASH) peut couvrir une partie ou la totalité du forfait hébergement si les revenus sont insuffisants ; c’est une démarche à réaliser auprès du conseil départemental.
  • Les pensions de retraite, les aides des enfants (obligation alimentaire), ou encore l’APA pour une courte période peuvent entrer dans le financement.
  • Un reste à charge moyen estimé à 1 400 € par mois selon le niveau de ressources (source : CNSA, 2023).

Renseignez-vous rapidement sur les délais et justificatifs nécessaires, le traitement des dossiers pouvant être long et parfois complexe.

Organiser la transition pour la personne et les proches

L’arrivée en USLD bouleverse l’équilibre familial. Quelques points de repère :

  • Préparer les documents essentiels : carte d’identité, carte Vitale, liste de médicaments, coordonnées des proches, éléments concernant le projet de vie.
  • Demander, si possible, à visiter les locaux en amont ou organiser une journée d’accueil pour apprivoiser le futur lieu de vie.
  • Accompagner la personne, lors de l’entrée, avec des objets familiers : photos, coussin, petit meuble, souvenirs.
  • Prévenir les professionnels que l’aîné pourrait présenter un syndrome de glissement ou une anxiété liée au changement de lieu (source : Fédération Hospitalière de France – FHF).
  • Penser à la transmission du dossier de soins et à un échange entre l’équipe sortante (hôpital, domicile) et l’équipe d’USLD.

Que deviennent les droits de la personne en USLD ?

Les USLD sont des lieux de soins, mais aussi de vie. La personne âgée conserve une série de droits :

  • Participation aux décisions concernant sa prise en charge (loi du 4 mars 2002 sur les droits du patient).
  • Accès à son dossier médical et droit d’information.
  • Liberté de visite pour la famille (avec des règles d’assouplissement post COVID-19 : arrêté du 15 mai 2020).
  • Maintien du lien social et des activités organisées sur place (ateliers, sorties adaptées…)
  • Possibilité de désigner une personne de confiance et de formaliser ses directives anticipées.

Des représentants des usagers siègent dans chaque commission, et un livret d’accueil doit être remis à l’entrée.

Gérer l’aspect psychologique : accompagner et prévenir la rupture

Selon une enquête de Santé Publique France (octobre 2022), près d’un tiers des admissions en USLD s’accompagnent de troubles anxieux ou d’un « syndrome de glissement ». Pour faciliter l’adaptation :

  • Maintenir un suivi psychologique, avec l’équipe de soins ou un psychologue extérieur.
  • Veiller à l’intégration dans le nouvel environnement, encourager la participation aux activités.
  • Accepter que l’adaptation nécessite plusieurs semaines – chaque histoire est singulière.
  • Les aidants familiaux peuvent solliciter des groupes de parole, des associations ou un soutien social (source : France Alzheimer, Fédération 3977 contre la maltraitance).

Questions pratiques fréquemment posées

  • Peut-on revenir en arrière ?Oui : l’orientation en USLD peut être réévaluée si l’état de santé s’améliore. Un retour à domicile ou vers un autre établissement reste envisageable selon le projet de soins.
  • Y a-t-il une différence entre un lit en USLD et un EHPAD médicalisé ?Oui, le ratio de personnel soignant/habitant est plus élevé en USLD, la présence médicale est continue et le suivi des pathologies lourdes est prioritaire.
  • Comment choisir une USLD ?Comparer la localisation, les disponibilités, le projet de vie proposé, mais aussi les taux de satisfaction disponibles sur le site de la HAS ou via service-public.fr.

Rester acteur, même après l’admission

Une admission en USLD transforme le quotidien, mais il reste important de maintenir l’implication des proches et du patient dans les choix et la vie quotidienne au sein de l’établissement. La qualité de vie dépend autant de l’environnement médical que du lien entretenu avec la famille, du respect du rythme de chacun, et de la possibilité de personnaliser les parcours.

Partenaires Aînés, Ressources, Solidarité encourage la circulation d’informations fiables et l’écoute mutuelle tout au long de ce chemin parfois difficile. Pour toute difficulté, n’hésitez pas à solliciter les associations d’usagers, la direction de l’établissement, ou à utiliser les dispositifs de médiation prévus par la loi.

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