Unité de soins longue durée : comprendre, choisir et accompagner le grand âge médicalisé

20/09/2025

Définition d’une unité de soins longue durée (USLD)

L’unité de soins longue durée, souvent désignée sous le sigle USLD, est un service hospitalier destiné à accueillir des personnes âgées présentant une perte d’autonomie sévère et nécessitant une surveillance médicale constante, ainsi que des soins quotidiens médicotechniques importants (source : Ministère de la Santé). Il s’agit d’un lieu de vie et de soins, généralement rattaché à un établissement hospitalier public ou, plus rarement, à un établissement privé à but non lucratif.

L’USLD vise à garantir un accompagnement continu aux personnes dont les troubles physiques et/ou cognitifs (pathologies chroniques, polypathologies, troubles sévères type Alzheimer ou apparentés) rendent impossible le maintien à domicile ou en EHPAD classique. Fin 2023, la France comptait environ 32 000 places en USLD, pour une population de plus de 750 000 résidents en EHPAD.

Unité de soins longue durée et EHPAD : quelles différences ?

Bien que tous deux s’adressent à des personnes âgées fortement dépendantes, USLD et EHPAD ne répondent pas aux mêmes besoins ni au même niveau de prise en charge :

  • En EHPAD : La majorité des résidents ont besoin d’une aide pour les actes de la vie quotidienne, mais l’accent est davantage mis sur l’accompagnement social et la préservation de l’autonomie restante. Un médecin coordonnateur assure le suivi médical général.
  • En USLD : Le niveau de dépendance (GIR 1 ou 2) est très élevé, demandant des soins médicaux quotidiens, la présence médicale est permanente avec des infirmiers et aides-soignants 24h/24, et un médecin présent chaque jour. L’intervention médicale est plus poussée (alimentation entérale, stomies, soins palliatifs complexes...)

On peut retenir que l'USLD se rapproche plus de l’univers hospitalier alors que l’EHPAD propose un projet de vie sociale et d’accompagnement médico-social.

À noter : la décision d’orientation vers l’USLD dépend de critères d’état de santé et d’une évaluation gériatrique approfondie.

Conditions et critères d’admission en unité de soins longue durée

L’admission en USLD résulte d’une évaluation médicale (par l’équipe hospitalière, le médecin traitant, le médecin coordonnateur en EHPAD, etc.). Les critères courants sont :

  • Perte d’autonomie extrême (GIR 1 ou 2 selon la grille AGGIR)
  • Nécessité de soins médicaux et techniques continus impossibles à organiser ailleurs
  • Pathologies lourdes ou multiples (accidents vasculaires cérébraux, maladies neurodégénératives avancées...)
  • Absence de solutions adaptées en établissement médico-social classique ou à domicile

Les admissions se font sur dossier médical (incluant les besoins en soins, la situation sociale et familiale), validé en commission d’admission. La demande peut être faite par un proche, un médecin traitant ou un service hospitalier.

La vie au quotidien en USLD : organisation et cadre de vie

Le quotidien en unité de soins longue durée s’articule autour d’une triple mission : soins, accompagnement et maintien d’un cadre de vie aussi agréable que possible malgré la dépendance. Quelques repères concrets :

  • Chambres individuelles ou doubles, équipées médicalement (lits adaptés, systèmes d’appel, etc.)
  • Présence médicale et paramédicale permanente
  • Repas préparés sur place ou par un service de restauration, adaptés aux régimes des résidents
  • Animations, ateliers adaptés, stimulation cognitive et sociale chaque fois que possible
  • Salles de repas, salons collectifs, espaces pour recevoir les proches
  • Visites possibles à des horaires définis – contacts avec l’extérieur encouragés

Même si la prise en charge est très médicalisée, le maintien du lien social et de l’intimité reste une priorité pour de nombreux établissements.

Quels soins et accompagnements assurés dans une USLD ?

  • Surveillance médicale rapprochée (médecin présent chaque jour, suivi des constantes, adaptation des traitements…)
  • Soins infirmiers intensifs, réalisés 24h/24 (pansements complexes, perfusions, injections, alimentation artificielle…)
  • Aides pour tous les actes de la vie quotidienne (toilette, habillement, alimentation, déplacement)
  • Soins de rééducation (kiné, ergothérapeute) si nécessaire
  • Accompagnement psychologique (psychologue référent, soutien aux fins de vie, écoute des familles)
  • Mise en place de soins palliatifs adaptés si besoin

L’USLD est souvent la seule structure en mesure d’assurer la gestion de comorbidités lourdes et la prise en charge de symptômes complexes liés à la grande dépendance.

Quel est le coût d’un séjour en unité de soins longue durée ?

Séjourner en USLD génère trois types de frais :

  1. Le forfait soins, intégralement pris en charge par l’Assurance Maladie
  2. Le tarif hébergement : facturé au résident, il comprend l’hôtellerie, la restauration, l’entretien. Il varie fortement selon la région (entre 60 et 100 €/jour en moyenne)
  3. Le tarif dépendance, partiellement couvert par l’APA (Allocation Personnalisée d’Autonomie) selon le degré de dépendance

Exemple : pour une chambre simple en Île-de-France, le reste à charge total (hors aides) tournera en général autour de 2 000 à 3 000 € par mois, parfois davantage dans certains établissements (CNSA).

Quelles aides financières sont mobilisables ?

  • APA (Allocation personnalisée d’autonomie) : versée par le département en fonction du niveau de dépendance et des ressources
  • Aide sociale à l’hébergement (ASH) : prise en charge partielle ou totale possible en cas de revenus insuffisants, sous conditions de ressources
  • Aide personnalisée au logement (APL) : possible selon la situation du résident et l’agrément de l’établissement
  • Exonérations ou abattements fiscaux pour certaines dépenses liées à la dépendance

Les aides ne sont jamais automatiques : leur obtention nécessite le dépôt de dossiers spécifiques et l’évaluation par les services sociaux.

Préparer l’entrée en USLD : étapes et conseils

  • Déposer un dossier d’admission (formulaire médical + volet social)
  • Prévoir la constitution des pièces administratives : carte vitale, justificatifs d’identité, attestations de ressources, tutelles/curatelles le cas échéant, informations médicales détaillées
  • Échanger avec le médecin coordonnateur et l’équipe en amont
  • Anticiper l’aménagement des effets personnels autorisés pour préserver la vie privée
  • Penser à organiser la fermeture/transfert du domicile antérieur, démarches auprès des caisses de retraite, banques, etc.

La disponibilité des places varie selon les territoires et il peut exister des listes d’attente (moyenne : 2 à 6 mois selon les régions – source : CNSA).

Droits et participation des patients en unité de soins longue durée

La loi garantit à chaque résident d’USLD le respect de ses droits fondamentaux, conformément à la charte des droits et libertés de la personne âgée dépendante (source : Ministère de la Santé) :

  • Respect de la dignité, de la vie privée et de la confidentialité
  • Liberté de pratiquer sa religion et de recevoir des visites
  • Participation (autant que possible) aux choix concernant la vie quotidienne et les soins
  • Accès à son dossier médical et droit de consentir/refuser certains soins
  • Possibilité de faire appel à une personne de confiance et de désigner un représentant légal
  • Recours à une commission de médiation en cas de litige

Des conseils de la vie sociale consultent régulièrement les familles et résidents sur l’organisation du quotidien.

L’avenir du séjour : possibles sorties et accompagnements

L’entrée en USLD n’est pas forcément irréversible. Si l’état de santé s’améliore ou si une solution à domicile devient envisageable, un retour hors institution reste possible, avec accompagnement personnalisé par l’équipe sociale et médicale (Service-Public.fr).

Inversement, le séjour peut évoluer vers une prise en charge palliative renforcée si nécessaire, au sein de la structure ou à l’hôpital.

Accompagnement et soutien des familles

  • Entretiens réguliers proposés avec les psychologues ou le personnel soignant, écoute et aide à la compréhension du projet de soins
  • Groupes de parole ou réunions familles/référents
  • Participation aux conseils de vie sociale
  • Organisation de visites, voire d’accompagnements familiaux lors de certaines étapes importantes ou de fin de vie

Certaines USLD proposent même des chambres d’accueil temporaire pour les proches lors de situations sensibles.

Quelle équipe professionnelle en USLD ?

La prise en charge en USLD est assurée par une équipe pluridisciplinaire :

  • Médecins gériatres (présence quotidienne)
  • Infirmiers et aides-soignants (présence 24h/24)
  • Kinésithérapeutes, ergothérapeutes, psychologues, orthophonistes
  • Cadres de santé, assistants sociaux
  • Personnel administratif accueillant, animateurs, professionnels de la restauration et de l’entretien

La diversité de ces professionnels permet d’assurer à la fois un suivi médical exigeant et un environnement humain sécurisant.

Signaler un problème ou exprimer un mécontentement en USLD

Il existe plusieurs canaux pour faire valoir ses droits ou signaler un dysfonctionnement :

  • Référent de l’établissement : cadre de santé, médecin responsable, psychologue
  • Commission des usagers (CDU) : obligatoirement présente, accessible à tous les résidents/familles
  • Médiateur hospitalier, en cas de conflit persistant
  • Défenseur des droits ou Agence régionale de santé (ARS) pour les situations graves
  • Boîte à idées, formulaires de réclamations anonymes parfois disponibles

L’expression et l’écoute des plaintes des résidents et de leurs proches sont garantis par la loi du 4 mars 2002 relative aux droits des malades.

Pour aller plus loin : repenser le parcours des très grands dépendants

Face au vieillissement de la population (près de 120 000 personnes en perte d'autonomie très lourde en France en 2023), l’USLD reste une réponse spécialisée, soumise à des enjeux de qualité et d’humanité. Mais l’accès reste limité par le nombre restreint de places et les critères d’admission médicaux sévères. Familles et aidants sont invités à se tourner vers les réseaux territoriaux d’information (CCAS, plateformes territoriales d’appui, France Alzheimer, associations d’aidants) pour orienter, soutenir et défendre les intérêts des aînés concernés.

Pour obtenir une information neutre et personnalisée, la CNSA, les maisons départementales de l’autonomie et les permanences associatives constituent des points ressources essentiels, en complément de l’accompagnement assuré par le personnel hospitalier.

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