Ce qu’il faut savoir sur la vie au quotidien en unité de soins longue durée

02/10/2025

Pourquoi existe-t-il des unités de soins longue durée ?

Les unités de soins longue durée, ou USLD, font partie intégrante du paysage de l’accompagnement des personnes âgées en France. Créées pour accueillir les personnes dont l’état de santé nécessite une surveillance médicale constante, ces structures remplissent un rôle différent des maisons de retraite (Ehpad) : elles s’adressent à des patients dits « grandes dépendances », souvent avec des pathologies chroniques lourdes ou une poly-pathologie nécessitant des soins médicaux répétés et complexes.

Selon la DREES, en 2021, près de 31 000 places étaient disponibles en France en USLD (source : DREES), la plupart rattachées à des structures hospitalières publiques. Leur mission est à la croisée du sanitaire et du médico-social : elles offrent un cadre sécurisé, médicalisé, tout en cherchant à préserver, autant que possible, une qualité de vie pour les résidents.

Le quotidien : une organisation sur-mesure

Dès l’admission en USLD, un projet d’accompagnement personnalisé est élaboré. Il inclut les besoins médicaux, sociaux, mais aussi les désirs et habitudes des personnes accueillies. Le rythme de la journée est structuré pour assurer sécurité, confort et attention constante.

Une journée type en USLD

  • Lever et soins du matin : Assistance au lever, toilette, soins d’hygiène, parfois aides techniques ou dispositifs médicaux.
  • Petit-déjeuner adapté : Certaines pathologies nécessitant des textures modifiées (mixées, hachées…), les repas sont personnalisés en conséquence.
  • Tournée médicale et paramédicale : Surveillance des constantes, distribution des médicaments, gestes techniques (pansements, injections, etc.).
  • Activités collectives ou individuelles : Ateliers mémoire, jeux, musique, gymnastique douce, ou accompagnement spirituel selon les souhaits.
  • Alimentation : Déjeuner, collation, dîner en chambre ou dans une salle collective, selon les capacités.
  • Temps de repos : Les horaires respectent le besoin de repos, essentiel pour des personnes souvent fatiguées.
  • Soins et visites l’après-midi : Kinésithérapie, ergothérapie, visites de la famille ou d’associations de bénévoles.
  • Veillée : Préparatifs au coucher, soins du soir, surveillance accrue la nuit avec des équipes dédiées.

Il n’y a pas de routine imposée : l’ajustement est permanent selon l’état de santé de chaque résident, les urgences et le projet de vie défini au préalable.

Qui accompagne les résidents ? Un travail d’équipe pluriprofessionnel

Le secteur des USLD est caractérisé par la multiplicité des professionnels impliqués auprès des résidents :

  • Médecins coordonnateurs et gériatres pour l’évaluation régulière de l’état de santé.
  • Infirmiers et aides-soignants : leur présence est continue (24h/24), avec parfois un ratio élevé : 1 soignant pour 2 à 3 résidents, selon Agence technique de l’information sur l’hospitalisation (ATIH).
  • Ergothérapeutes, kinésithérapeutes pour la prévention des chutes, le maintien des facultés physiques ou la réadaptation après un accident.
  • Psychologues, psychomotriciens pour l’accompagnement des troubles comportementaux ou psychologiques, fréquents en cas de démence.
  • Personnels de service, agents hospitaliers, animateurs
  • Intervenants extérieurs : bénévoles, familles, aumôniers

Cette coopération quotidienne permet d’assurer des soins complexes, mais aussi d’instaurer un climat de confiance, indispensable lorsqu’on accompagne des personnes pour lesquelles la communication ou l’expression devient difficile.

Rythme des soins et spécificités médicales

Un niveau de soins sécurisant

Les USLD ne sont pas des maisons médicalisées ordinaires. Elles s’adressent principalement à des personnes classées en GIR 1 ou 2 (Groupe Iso Ressources selon la grille AGGIR), soit présentant une dépendance quasi-totale, physique ou psychique. Ce niveau élevé se traduit par :

  • La présence médicale effective (médecin chaque jour, astreinte la nuit et week-end).
  • La prise en charge des soins palliatifs et de la douleur : plus d’un tiers des décès en USLD sont consécutifs à une prise en charge en fin de vie (source : HAS).
  • L’utilisation de dispositifs technologiques (alarmes, lit médicalisé, suivi informatisé des dossiers, gestion automatisée des médicaments…)
  • Un plateau technique permettant de répondre à des situations urgentes sans transfert systématique à l’hôpital.

L’un des enjeux reste la prévention de la perte d’autonomie et la gestion des troubles cognitifs, qui touchent jusqu’à 60 % des résidents en USLD (source : rapport Drees 2022).

Alimentation et soins nutritionnels

L’alimentation revêt une importance cruciale. Près de 20 % des résidents d’USLD présentent des signes de dénutrition ou des difficultés de mastication/déglutition : adaptation des régimes, surveillance de l’hydratation, interventions de diététiciennes et parfois nutrition entérale (par sonde) sont au cœur du quotidien (Société française de gériatrie et de gérontologie).

Vie sociale et lutte contre l’isolement en USLD

Contrairement à une idée reçue, la vie sociale ne s’efface pas totalement dans ces unités. Des animations collectives ou des initiatives individuelles tentent de maintenir du lien social, avec pour priorité de respecter les capacités et les envies de chacun.

  • Ateliers adaptés : peinture, jardinage, musique, mémoire, selon le degré d’autonomie.
  • Moments festifs : Noël, anniversaires, événements saisonniers.
  • Visites des proches : Malgré les restrictions lors de la crise COVID-19, le retour des familles est favorisé, parfois avec des espaces dédiés ou des « salles des retrouvailles ».
  • Présence d’animaux : Médiation animale proposée dans près de 30 % des établissements (Drees, 2022).

Le maintien d’une vie sociale active reste difficile du fait des troubles cognitifs, de la grande dépendance ou des troubles du comportement (apathie, agressivité…), mais chaque interaction compte et l’accompagnement psychosocial est permanent.

Relation avec les familles et place des aidants

L’accueil en USLD bouleverse la relation avec les proches. L’équipe privilégie la co-construction du projet de soins, l’instauration de conseils de vie sociale, la transmission régulière d’informations, et la possibilité d’implication concrète (commission de menus, organisation d’activités, etc.).

L’accompagnement des familles passe aussi par du soutien psychologique (groupes de paroles, entretiens individuels) et des temps d’écoute informels. Les aidants deviennent de véritables « partenaires de l’équipe » dans le respect du rythme et des souhaits du résident.

Sortie possible : un séjour souvent définitif, mais avec des exceptions

La majorité des séjours en USLD sont de longue durée, souvent jusqu’au décès. Cependant, une dynamique d’évaluation régulière permet parfois, pour des personnes dont l’état s’améliore, un projet de réorientation vers un Ehpad ou au domicile avec des dispositifs renforcés. En 2021, les séjours de moins d’un an concernaient 40 % des admissions (Drees).

Coût, financement et accessibilité : données à connaître

Le prix d’une place en USLD reste plus élevé qu’en Ehpad du fait du taux d’encadrement et de la médicalisation. Selon la CNSA, en 2022, le tarif moyen journalier est d’environ 110 à 130 €, soit 3300 à 3900 €/mois (hébergement + soins + dépendance). Les aides sociales (Allocation personnalisée d’autonomie, aide sociale à l’hébergement) et la prise en charge médicale (Assurance Maladie) permettent cependant de réduire le reste à charge.

Pour aller plus loin : se préparer à l’entrée en USLD et accompagner au mieux

S’informer et visiter l’établissement, rencontrer l’équipe, anticiper les questions financières, réfléchir au projet de vie : toutes ces étapes restent essentielles pour garantir que l’admission en USLD se fasse dans des conditions respectueuses de la personne et de son histoire. Les modalités d’admission (dossier médico-social, décision de la commission d’admission, évaluation de l’urgence ou du contexte familial) peuvent différer selon les territoires. Consulter le site pour-les-personnes-agees.gouv.fr et s’appuyer sur les dispositifs d’appui à la coordination est recommandé pour prendre la meilleure décision.

Essentiel à retenir sur la vie en unité de soins longue durée

La vie quotidienne en unité de soins longue durée est un équilibre délicat : apporter sécurité et soins à des personnes très vulnérables, tout en respectant leur singularité et leur autonomie le plus longtemps possible. Derrière les murs de ces unités, au cœur de structures souvent rattachées à l’hôpital, se tissent chaque jour des liens de confiance. Les équipes, en interaction avec les familles, construisent des parcours personnalisés, veillent à la dignité de chacun et s’efforcent de préserver une qualité de vie digne et apaisée. Les enjeux humains restent considérables, mais, à chaque instant, le souci principal demeure celui du bien-être, de la sécurité et de l’attention portée à chaque personne âgée accueillie.

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