Admission en USLD : comprendre les critères essentiels pour accéder à une unité de soins longue durée

28/09/2025

Pourquoi existe-t-il des unités de soins longue durée ?

Les unités de soins de longue durée, ou USLD, sont des structures hospitalières dédiées à l’accueil de personnes âgées souffrant d’une perte d’autonomie majeure et de pathologies chroniques nécessitant une surveillance médicale constante. Ce type d’établissement constitue une réponse à des besoins qui dépassent la prise en charge en EHPAD ou à domicile. Selon la DREES, en 2022, la France comptait près de 32 000 places d’USLD, soit environ 3 % de l'ensemble des places d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (DREES).

L’accès à l’USLD reste réservé aux situations les plus complexes, lorsque rester à domicile, en foyer-logement ou en EHPAD n’est plus possible, par manque d’encadrement médical permanent.

À qui s’adressent les USLD ?

L’unité de soins longue durée accueille principalement des personnes âgées de plus de 60 ans présentant une dépendance physique ou psychique sévère, et souvent atteintes de maladies chroniques. Il ne s’agit pas uniquement de l’avancée en âge, mais surtout de l’accumulation de vulnérabilités :

  • Poly-pathologies chroniques (AVC, maladies neurologiques évolutives comme Alzheimer ou Parkinson au stade avancé, insuffisance cardiaque, respiratoire…)
  • Besoins médicaux permanents : oxygénothérapie, soins palliatifs continus, nutrition artificielle
  • Altération profonde de l’autonomie, nécessitant des soins jusqu’à 24h/24
  • Présence de troubles cognitifs majeurs compliquant la prise en charge classique

L’âge n’est donc pas le seul critère : des personnes plus jeunes, souffrant de maladies invalidantes, peuvent parfois être accueillies en USLD après décision médicale.

Quels besoins médicaux justifient une admission ?

L'USLD constitue le dernier recours pour les cas les plus lourds sur le plan des soins. Pour envisager une admission, les critères médicaux principaux sont :

  • Instabilité de l’état de santé nécessitant des interventions rapides (soins techniques, perfusions, surveillance vitale…)
  • Risque élevé de complications aiguës (infections récurrentes, escarres étendues, dénutrition grave, risque de chutes multiples)
  • Présence indispensable d’une équipe médicale 24h/24 : médecins, infirmiers, aides-soignants, kinésithérapeutes, etc.
  • Médecin traitant injoignable ou absent : lorsque la personne ne peut pas rester chez elle faute d’un suivi médical continu

Par exemple, selon l’Assurance Maladie (ameli.fr/usld), une USLD peut accueillir une personne âgée grabataire souffrant de démence avancée, nécessitant des soins complexes et continus impossibles à organiser à domicile.

Comment est évalué l’état de dépendance et de santé ?

L'une des étapes clés dans l’admission consiste à évaluer formellement la dépendance et les besoins médicaux de la personne.

  • La grille AGGIR (Autonomie Gérontologie Groupes Iso-Ressources) classe le degré de dépendance de la personne âgée, de GIR 1 (dépendance totale) à GIR 6 (autonomie totale). Les USLD accueillent principalement des personnes relevant des groupes GIR 1 et 2.
  • L’évaluation médicale par le médecin traitant ou hospitalier, précisant la nature des pathologies et des soins requis.
  • L’avis du médecin coordinateur de l’USLD, qui statue, parfois en lien avec une équipe mobile de gériatrie ou de soins palliatifs.

Une admission en USLD n’est jamais automatique : elle doit être motivée par un dossier médical solide et validée par une commission médicale interne à l’établissement.

Quelles différences avec l’EHPAD et le SSR ?

Il est fréquent d’hésiter entre USLD, EHPAD (établissement pour personnes âgées dépendantes) ou court séjour en médecine. Voici quelques distinctions utiles :

USLD EHPAD SSR (Soins de Suite et Réadaptation)
Prise en charge médicale intensive et continue Accompagnement quotidien mais médicalisation moins poussée Séjour temporaire avec objectif de réadaptation après hospitalisation
Patients très dépendants (GIR 1-2) Dépendance modérée à avancée (GIR 2-4) Patients en post-aigu, besoin de kiné, réautonomisation
Encadrement médical 24h/24 Présence de médecins coordonnateurs et infirmiers, pas toujours en continu Équipe médicale mais séjour limité dans le temps
Séjour longue durée, parfois jusqu’à la fin de vie Séjour prolongé, mais transfert possible selon aggravation Séjour de quelques semaines/mois

D’après le site Service-public.fr, ce sont les besoins médicaux qui déterminent l’orientation, pas seulement l’âge ou la dépendance (service-public.fr).

Les démarches pour accéder à une USLD

1. Déclencher la demande

L’initiative de demande d’admission peut venir :

  • Du médecin traitant
  • D’un service hospitalier (médecin gériatre, équipe sociale)
  • De l’équipe de soins à domicile ou d’un service d’aide sociale

2. Monter le dossier

Un dossier médico-social doit être constitué, comprenant :

  • Le dossier médical (pathologies, traitements, antécédents, compte-rendu du médecin)
  • Le volet social (coordonnées, personnes référentes, situation familiale, ressources)
  • La grille AGGIR complétée
  • Les justificatifs administratifs

3. Instruction et passage en commission

Le dossier est instruit et évalué par la commission d’admission de l’USLD, souvent composée de médecins, infirmiers et représentant de la direction.

  • Un entretien avec la famille ou l’aidant principal peut aussi être proposé
  • Un avis médical externe ou une visite préalable peuvent être demandés

Le délai d’attente varie fortement : en 2023, le temps moyen d’attente pour obtenir une place en USLD dépassait huit mois dans certains territoires, faute de lits disponibles (France Inter, 2023).

Cas particuliers et alternatives

Certaines situations bénéficient d’une attention ou de modalités adaptées :

  • Admission d’urgence : en cas d’aggravation soudaine, de crises graves ou d’impossibilité totale de retour à domicile, un passage en commission accélérée peut être organisé.
  • Personnes plus jeunes : des maladies neurodégénératives précoces ou situations de handicap lourd peuvent motiver une admission dérogatoire, après avis spécialisé.
  • Absence de place : dans ce cas, l’alternative peut être une hospitalisation prolongée, un séjour dans un SSR ou, rare mais possible, un maintien temporaire dans un EHPAD médicalisé avec renfort d’équipes hospitalières mobiles.

Il existe des réseaux de coordination gériatrique, comme les MAIA (Méthode d’Action pour l’Intégration des services d’aide et de soins dans le champ de l’Autonomie), qui orientent les familles sur les parcours adaptés (pour-les-personnes-agees.gouv.fr).

Quelles ressources pour guider et accompagner les familles ?

  • Le médecin traitant reste le premier interlocuteur pour initier la démarche et préparer la famille.
  • Les équipes hospitalières de gériatrie proposent souvent des consultations mémoire et des points d’orientation sociale et médicale.
  • Centres locaux d’information et de coordination (CLIC) : présents dans chaque département, ils offrent un accompagnement dans la constitution du dossier d’admission.
  • Plateformes téléphoniques dédiées telles que le 3977 pour les situations d’urgence ou de maltraitance.
  • Sites institutionnels fiables : pour-les-personnes-agees.gouv.fr, solidarites-sante.gouv.fr ou ameli.fr.

Points clés à retenir sur l’accès à une USLD

  • L’admission en unité de soins longue durée se fonde avant tout sur le besoin d’une surveillance médicale continue et de soins techniques quotidiens.
  • La dépendance profonde (GIR 1-2) et la présence de pathologies chroniques invalidantes sont les principaux critères.
  • La démarche impose un dossier médico-social complet et une évaluation collégiale.
  • Le nombre de places reste limité : anticiper les démarches et solliciter les relais locaux est crucial.
  • Des dispositifs d’orientation et d’information existent pour ne pas rester seul face aux décisions.

Face à la complexité des parcours, la coordination entre équipes médicales, familles et structures sociales demeure primordiale. Si l’USLD n’est pas la réponse, d’autres solutions concertées peuvent être envisagées, à discuter avec les professionnels qui vous entourent.

En savoir plus à ce sujet :