Unité de soins longue durée : quels soins pour les personnes très dépendantes ?

07/10/2025

USLD : définition et fonction dans le parcours de soins

L’unité de soins longue durée fait partie des structures d’hébergement médicalisé pour personnes âgées dépendantes. Elle s’adresse principalement à celles dont l’état de santé requiert une surveillance médicale constante et des soins quotidiens difficiles à organiser ailleurs (HAS).

  • Public : personnes âgées polypathologiques (souvent plus de 85 ans), très dépendantes (GIR 1 ou 2 selon la grille AGGIR), touchées par des maladies neurodégénératives ou invalidantes.
  • Mission principale : assurer des soins médicaux et paramédicaux continus, tout en offrant un cadre de vie sécurisé.
  • Capacité : environ 30 000 places en France, réparties surtout dans les hôpitaux ou certains groupements hospitaliers (DREES, édition 2023).

Un cadre médicalisé adapté à la grande dépendance

Contrairement à l’EHPAD, qui vise principalement les seniors en perte d’autonomie mais encore capables de participer à certains actes quotidiens, l’USLD répond à des besoins médicaux supérieurs.

  • Présence médicale renforcée : un médecin coordonnateur et des médecins généralistes présents sur place, parfois 24h/24, permettant une surveillance rapprochée et la gestion des urgences.
  • Équipe soignante étoffée : infirmiers(ères) présents jour ET nuit, aides-soignants et agents de service hospitalier, kinésithérapeutes, ergothérapeutes et parfois psychomotriciens.

Soins médicaux quotidiens

L’USLD prend en charge la surveillance et le traitement de maladies chroniques évolutives : diabète, insuffisance cardiaque, pathologies neurologiques, escarres, affections respiratoires… On y assure :

  • Gestion et adaptation des traitements médicaux (polypharmacie fréquente : 7 médicaments ou plus en moyenne, selon l’Assurance Maladie 2021)
  • Prises de sang, injections, soins techniques infirmiers
  • Soins palliatifs pour un accompagnement de fin de vie digne et choisi
  • Rééducation fonctionnelle adaptée à l’état de dépendance

Soins d’hygiène et de confort

L’équipe assure aussi plusieurs actes essentiels pour garantir la dignité des personnes très dépendantes :

  • Toilette et hygiène (parfois plusieurs fois par jour, avec attention à la prévention des escarres)
  • Aide à l’alimentation (repas adaptés aux troubles de la déglutition ou régimes spécifiques)
  • Mobilisations régulières au lit ou au fauteuil, pour maintenir au maximum la motricité résiduelle
  • Soins cutanés, pédicurie, soins bucco-dentaires (en lien avec dentistes partenaires)

Un chiffre marquant : près de 70% des résidents d’USLD souffrent de troubles cognitifs, impliquant une prise en charge complexe et attentive (Santé Publique France).

La priorité aux besoins psychologiques et sociaux

Vivre en USLD ne se limite pas aux soins médicaux. Les équipes sont formées aux spécificités de la grande dépendance psychique et de la fragilité émotionnelle.

  • Projet de vie personnalisé : chaque résident bénéficie d’une évaluation de ses habitudes, ses goûts, ses besoins sociaux, pour adapter les soins et maintenir autant que possible des repères rassurants (musique, objets personnels…).
  • Accompagnement psychologique : psychologues, parfois art-thérapeutes ou animateurs, sont intégrés à l’équipe. Ils travaillent la stimulation cognitive (ateliers mémoire, discussions, jeux adaptés), le soutien moral, l’accompagnement des angoisses.
  • Maintien du lien social : organisation d’activités collectives, d’événements familiaux (dans la limite des capacités des résidents), ouverture à la visite des proches, espaces conviviaux.

Un point notable : l’isolement social est un enjeu clé. Selon la Fondation de France, 27% des résidents en établissements se disent « seuls ». Les USLD cherchent donc à préserver l’ouverture sur l’extérieur et les échanges intergénérationnels chaque fois que possible.

Des soins palliatifs intégrés et un accompagnement de fin de vie

La majorité des personnes admises en USLD présentent des maladies avancées, parfois en phase terminale. C’est pourquoi ces structures sont pionnières dans l’accompagnement palliatif :

  • Gestion adaptée de la douleur (prescription spécifique, surveillances rapprochées, recours à l’hypnoanalgésie ou à la relaxation dans certains cas)
  • Soutien à la famille et aux proches (entretiens, participation à la réflexion éthique autour des décisions thérapeutiques)
  • Respect du projet de soins anticipé et prise en compte des directives avancées

Le caractère hospitalier de l’USLD facilite la coordination avec l’équipe mobile de soins palliatifs si besoin, pour une prise en charge globale de la fin de vie, respectueuse de la personne et de sa dignité.

Organisation et permanence des soins

Les USLD disposent de moyens humains renforcés, supérieurs à ceux de la plupart des EHPAD. Selon l’enquête PLFSS 2021 (Sénat), on compte en moyenne :

  • 0,8 à 1 soignant par résident la journée (contre 0,6 à 0,7 en EHPAD)
  • Présence médicale ou astreinte en continu (nuit, week-ends compris)
  • Coordination forte avec le secteur hospitalier pour les complications aiguës

La permanence des soins garantit réactivité et sécurité, essentielle pour un public fragile. Cela facilite aussi les actes techniques (perfusions, transfusions, examens complémentaires…), réalisés sans transport, dans l’unité.

Entrée en USLD : conditions d’intégration et spécificités

L’admission en USLD répond à des critères précis : dépendance physique et/ou psychique très avancée, besoin de surveillance rapprochée, impossibilité de retour à domicile ou en EHPAD classique. La décision relève d’une commission (médecin traitant, équipe mobile gériatrique).

  • Le séjour est longue durée, souvent définitif (durée moyenne : 2,5 ans selon la DREES), mais un retour à domicile n’est pas totalement exclu si amélioration clinique.
  • Le coût du séjour : plus élevé qu’en EHPAD en raison de la médicalisation accrue, il est partiellement pris en charge par l’Assurance Maladie (soins) et l’Aide Sociale départementale (hébergement sous conditions).

Ce qu’il faut retenir lors d’une orientation

  • L’USLD ne relève pas du “choix” mais du besoin médical : elle s’impose quand l’accompagnement quotidien en EHPAD ou à domicile ne suffit plus.
  • C’est une structure hospitalière : la dimension médicale prime, mais les équipes essaient de préserver une qualité de vie, des temps d’activité, et un accompagnement chaleureux pour la personne comme pour ses proches.
  • Les places sont rares : il existe une tension entre les besoins (personnes âgées de plus en plus nombreuses, maladies chroniques en progression) et les capacités d’accueil.

Focus pratique : comment évoluent les soins et la vie en USLD ?

La majorité des soins sont planifiés, coordonnés et suivis : dossiers médicaux informatisés, réunions pluridisciplinaires, adaptation permanente du projet de soins. Les proches sont associés autant que possible : visites libres (souvent selon protocoles d’établissement), implication dans les décisions.

Exemple vivant : à l’hôpital Bretonneau (AP-HP Paris), l’USLD a créé des “espaces sensoriels” avec musique, lumière douce, et jardin thérapeutique. Cela montre la volonté d’humaniser le lieu, malgré la lourdeur médicale.

  • Comment demander un dossier ? : la demande se fait via le médecin traitant ou l’équipe hospitalière référente. Un dossier médical, une évaluation sociale et une proposition de projet de soins sont transmis à l’USLD choisie, qui examine l’indication.
  • Et si l’état évolue ? : des réévaluations périodiques peuvent envisager une admission temporaire en unité de réadaptation, ou, à l’inverse, une prise en charge à domicile via hospitalisation à domicile (HAD), si la situation le permet.

Vers une évolution des USLD : vers plus de personnalisation et de bientraitance

Les USLD évoluent : intégration de nouvelles approches de soins, formation à la bientraitance, places dédiées à des profils spécifiques (affections neurologiques, troubles du comportement avancés), rapprochement avec les familles, implication du résident dans son projet de vie.

Les pouvoirs publics encouragent la fluidité entre USLD, EHPAD, HAD, et domicile afin d’éviter les ruptures de parcours et adapter au mieux la réponse à chaque situation (cf. rapport Libault 2019).

Pour aller plus loin

L’USLD reste un pilier du dispositif gérontologique français, dédiée aux personnes âgées fragilisées, pour qui des soins continus et une attention humaine sont essentiels. En vous informant, vous aidez à préparer les étapes les plus délicates avec humanité et connaissance des réalités de terrain.

En savoir plus à ce sujet :