Unité de soins longue durée : Qui intervient au quotidien auprès des résidents ?

03/11/2025

Quand la dépendance s’installe : comprendre le rôle des unités de soins longue durée

Les unités de soins longue durée, ou USLD, sont des structures médicalisées destinées à accueillir des personnes âgées dont la perte d’autonomie est sévère, nécessitant une surveillance et des soins constants, jour et nuit. Contrairement aux EHPAD, ils accueillent le plus souvent des résidents souffrant de maladies chroniques évoluées, de polypathologies et de troubles cognitifs majeurs.

Selon la DRESS (Direction de la Recherche, des Études, de l’Évaluation et des Statistiques), on dénombrait environ 30 000 places en USLD en France en 2021 (source DRESS). Ces structures, généralement rattachées à des hôpitaux publics, garantissent une prise en charge globale : médicale, paramédicale, sociale et humaine.

Mais qui prend soin, chaque jour, de ces résidents ? Quels professionnels interviennent, collaborent et s’organisent pour offrir un accompagnement personnalisé et sécurisant ? Le fonctionnement d’une USLD repose sur une équipe pluriprofessionnelle soudée, coordonnant soins, activités et soutien.

Le pilier médical et paramédical : une présence 24 h/24 auprès des résidents

Les médecins coordonnateurs et généralistes : des repères essentiels

  • Médecin coordonnateur : Il assure l’organisation médicale de l’unité, veille à la qualité des soins, à la prévention et à l’évaluation des pathologies liées au vieillissement. Il travaille en lien étroit avec l’infirmière coordinatrice et les médecins traitants, supervise la mise en place des projets de soins et participe parfois aux décisions relatives à la fin de vie. Depuis la loi ASV de 2015, leur rôle est central dans le parcours gérontologique (Ministère de la Santé).
  • Médecins généralistes : Ils assurent le suivi médical des résidents, gèrent les prescriptions, adaptent les traitements et interviennent lors de situations aiguës. Parfois salariés de l’établissement, ils sont capables d’assurer la continuité des soins et la liaison avec les spécialistes en cas de besoin.
  • Interventions de spécialistes : Gériatres, psychiatres, psychologues ou encore médecins rééducateurs, sollicités selon les pathologies et sur prescription médicale.

Les infirmiers : la continuité et la qualité des soins techniques

La présence d’infirmiers diplômés d’État (IDE) est assurée 24 h/24 en USLD — une obligation qui les différencie de nombreux EHPAD, où la présence nocturne d’une IDE n’est pas systématique. Selon le rapport IGAS 2022, une USLD compte environ 1,3 IDE pour 10 résidents (IGAS). Leurs missions incluent :

  • La réalisation de soins techniques : pansements complexes, injections, perfusions, sondages, surveillance des paramètres vitaux.
  • L’évaluation régulière de l’état de santé, l’adaptation des protocoles de soins, la prévention des complications (escarres, dénutrition…).
  • La gestion des médicaments, du circuit pharmaceutique et le lien avec la pharmacie hospitalière.
  • L’accompagnement dans le respect du projet de vie du résident et de sa dignité.

Aides-soignants et agents de service hospitalier : l’accompagnement au quotidien

Les aides-soignants (AS) sont la cheville ouvrière du quotidien. Ils représentent souvent l’équipe la plus nombreuse : on compte en moyenne 3,5 aides-soignants pour 10 résidents en USLD, alors qu’EHPAD et domicile peinent à atteindre ce ratio (Handicap.fr).

  • Aides-soignants : Aident à la toilette, à l’habillage, à la mobilisation, aux repas. Ils sont formés à détecter les signes de fragilité ou d’alerte, favorisant une intervention rapide en cas de trouble.
  • Agents de service hospitalier (ASH) : Souvent discrets mais cruciaux : hygiène des locaux, aide à la distribution des repas, petites attentions quotidiennes.

Ce binôme est la “présence rassurante” visible chaque jour et à chaque moment de la nuit.

Les professionnels de la rééducation et du bien-être : maintenir les capacités, préserver l’autonomie

Au sein des USLD, l’approche médicale ne suffit pas. 

Ergothérapeutes, kinésithérapeutes, psychomotriciens : soigner les gestes du quotidien

  • Kinésithérapeutes : Interviennent sur prescription pour préserver la mobilité, prévenir les raideurs, diminuer les douleurs musculosquelettiques.
  • Ergothérapeutes : Conseillent sur l’adaptation de l’environnement (fauteuils, aménagement d’espace), proposent des exercices pour préserver l’autonomie et prévenir les chutes.
  • Psychomotriciens : Travaillent sur l’équilibre, la coordination et la stimulation cognitive, un enjeu majeur en cas de maladies neurodégénératives.

L’objectif n’est pas la “guérison”, mais l’entretien des fonctions existantes, souvent dans une logique d’apaisement et de qualité de vie.

Professionnels du bien-être : coiffer, masser, soutenir la dignité

  • Coiffeurs, esthéticiennes ou intervenants socio-esthétiques : ils rappellent que prendre soin, c’est aussi préserver l’estime de soi, même en structure. Certains USLD proposent des ateliers bien-être en partenariat avec des associations.

Accompagnement psychosocial : soutenir la personne et son entourage

Psychologues : l’écoute, la réassurance, la gestion de la souffrance

Le profil psychoaffectif des résidents en USLD demande un suivi spécifique. Isolement, douleurs, désorientation… Les psychologues proposent écoute, médiations, accompagnement du deuil ou adaptation à la maladie. Ils animent aussi des groupes de parole ou des ateliers “mémoire”.

Les assistants sociaux : le trait d’union avec l’extérieur

  • Évaluation des droits, constitution des dossiers d’aide (APA, aide sociale à l’hébergement, protection juridique, etc.).
  • Accompagnement pour organiser le retour à domicile (parfois possible), ou la transition vers une autre structure.
  • Soutien auprès des familles, aide à la compréhension des procédures administratives souvent complexes.

Animateurs socio-culturels : rompre l’isolement, stimuler le lien social

Même en USLD, la vie sociale reste encouragée grâce aux animateurs. Ils organisent :

  • Ateliers manuels, chant, musique, jeux adaptés, interventions d’associations locales.
  • Temps festifs (anniversaires, fêtes calendaires).
  • Ateliers intergénérationnels, parfois avec des écoles ou crèches voisines.

Selon l’ANESM, la présence régulière d’animateurs améliore significativement le moral et limite l’apparition de troubles du comportement (HAS).

Direction, coordination, logistique et partenaires extérieurs : faire vivre la structure

Équipe de direction et personnel administratif

  • Directeur ou cadre de santé : garant du bon fonctionnement, gestion de l’équipe, interface avec les autorités et les familles.
  • Personnel administratif : gestion des dossiers, accueil des familles, suivi des admissions et des retours.

Partenaires extérieurs et bénévoles

  • Pharmaciens hospitaliers : supervisent la gestion des médicaments.
  • Professionnels libéraux : dentistes, podologues, orthophonistes, sur demande ou suivi spécifique.
  • Bénévoles associations et cultes : visites, célébrations religieuses, maintien du lien social.

Des équipes qui se coordonnent : réunions, transmissions et projets de soins

La spécificité de l’USLD est la pluridisciplinarité. Du médecin au psychomotricien, chacun échange autour du “projet de vie” du résident : des réunions hebdomadaires (staffs médicaux, transmissions) permettent d’ajuster l’accompagnement, d’harmoniser les interventions et de prévenir les situations difficiles. La Haute Autorité de Santé insiste sur l’importance de ce travail en équipe pour limiter les ruptures de parcours et offrir une prise en charge réellement individualisée (HAS).

Quelques chiffres marquants sur l’équipe en USLD

  • En moyenne : 60 à 80 lits par USLD, avec un taux d’encadrement total autour de 0,84 soignants par résident (DRESS 2022).
  • En majorité : 90 % des résidents sont en GIR 1 ou 2 (très forte dépendance).
  • Dans 75 % des USLD, la présence de psychologues à temps partiel est assurée – mais seulement 54 % des structures disposent d’un ergothérapeute salarié (Handicap.fr).
  • Une enquête de 2023 met en avant l’augmentation de la présence de bénévoles pour lutter contre l’isolement : +15 % sur cinq ans.

Penser l’USLD comme un collectif en action

Dans une unité de soins longue durée, chaque professionnel œuvre au service de la santé, du confort et de la dignité de personnes fortement dépendantes. Derrière chaque geste quotidien ou décision médicale, c’est tout un collectif invisible mais essentiel qui veille, écoute, soutient et s’adapte.

Que l’on soit proche aidant, futur résident ou professionnel du secteur, comprendre cette organisation permet non seulement d’appréhender le fonctionnement de ces unités, mais aussi de reconnaître la force et la richesse du travail d’équipe en gérontologie. Si de nombreux défis subsistent (effectifs, charge émotionnelle, formation), le modèle USLD reste aujourd’hui le plus abouti pour répondre à la grande dépendance, mêlant expertise médicale, engagement humain et écoute personnalisée.

Pour aller plus loin, de nombreux établissements ouvrent leurs portes et proposent des journées d’information. Un contact direct avec l’équipe permet souvent de dépasser les idées reçues et de dissiper les inquiétudes.

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