Unité de soins longue durée : Ce que la loi garantit aux personnes âgées hospitalisées

22/10/2025

Comprendre l’unité de soins longue durée (USLD)

Les unités de soins longue durée (USLD) sont des structures médicalisées, rattachées le plus souvent à des hôpitaux publics ou privés à but non lucratif, qui accueillent des personnes âgées de plus de 60 ans ayant perdu leur autonomie et nécessitant un suivi médical quotidien et un accompagnement pour les actes essentiels de la vie.

  • En 2023, plus de 30 000 personnes étaient hébergées en USLD en France, selon la Drees.
  • L’âge moyen d’entrée en USLD dépasse 84 ans.

Ces établissements se distinguent des EHPAD par une plus grande médicalisation, la présence quasi-continue d’équipes soignantes (médecins, infirmiers, aides-soignants), et une notion de “soins de longue durée” centrés sur le maintien du confort et la gestion de pathologies lourdes.

Les droits fondamentaux des patients en USLD

La législation française, notamment la charte de la personne hospitalisée et la loi du 4 mars 2002 relative aux droits des malades, pose un cadre clair qui s’applique pleinement en USLD. Voici les principaux droits :

  • Le respect de la dignité : Toute personne hospitalisée, quel que soit son état de dépendance, doit être traitée avec respect.
  • Le droit à l’intimité et à la vie privée : Le secret médical, le respect de l’espace personnel, et la possibilité de recevoir des visiteurs selon certaines règles, sont garantis.
  • L’accès à l’information : Le patient a droit à une information claire sur son état de santé, sur les soins et traitements proposés, et sur l’organisation de son séjour.
  • Le consentement libre et éclairé : Sauf situation exceptionnelle (urgence vitale, impossibilité de recueillir l’avis du patient), aucun soin ni traitement ne peut être réalisé sans l’accord du patient ou de son représentant légal.
  • La participation aux décisions : Le résident, ou à défaut un proche ou un tuteur, doit être associé aux choix concernant sa vie quotidienne et ses soins.

Selon la HAS, la satisfaction concernant ces droits reste élevée mais des marges de progrès existent, notamment sur la circulation de l’information et la prise en compte des souhaits individuels.

Les modalités de l’information et du consentement

L’information doit être adaptée à la compréhension de chaque personne. Cela signifie que les équipes médicales ont le devoir de présenter les diagnostics, traitements, effets secondaires et alternatives de façon simple, et de vérifier que l’essentiel a bien été compris ou relayé à la famille si besoin.

  • En 2021, 82 % des familles interrogées par l’association France Assos Santé estimaient que l’explication sur les traitements était “claire”, mais près de 1 sur 5 estimait que les informations n’étaient pas suffisamment répétées ou contextualisées.

Le consentement doit pouvoir se traduire par un “oui” ou un “non” explicite, ou, en cas d’impossibilité, par la consultation des proches, du tuteur ou du médecin traitant référent. En cas de refus de soins, celui-ci doit toujours être respecté, sauf en cas de danger immédiat pour la vie.

Préserver l’intimité et la vie sociale en institution

Entrer en USLD ne signifie pas rompre avec la vie sociale ou sacrifier son intimité. Les droits liés à la visite des proches, à la confidentialité des courriers, à l’aménagement de la chambre (affaires personnelles, photos, objets familiers) sont encadrés par des textes précis.

  • Chaque résident doit pouvoir recevoir des visiteurs de son choix tous les jours, à des horaires compatibles avec l’organisation des soins (décret n° 2003-462).
  • Les restrictions aux visites ne peuvent être imposées qu’en cas de force majeure, comme une épidémie (mesures Covid-19), et doivent alors faire l’objet d’une information formelle et temporaire.

Le maintien de la vie sociale se joue également dans les activités proposées (ateliers mémoire, sorties, rencontres intergénérationnelles). 62 % des familles jugent ces animations “utiles pour préserver un lien avec l’extérieur”. Certains établissements misent sur des partenariats associatifs pour enrichir cette offre, et favoriser l’expression individuelle, y compris en fin de vie.

La participation à la vie de l’établissement : droits collectifs et expression individuelle

Chaque USLD a l’obligation de mettre en place un Conseil de la Vie Sociale (CVS). Il s’agit d’un organe qui réunit régulièrement des représentants des résidents, des familles et du personnel pour discuter du fonctionnement, de la qualité des prestations et des éventuelles difficultés.

  • Le CVS a un rôle consultatif, mais ses avis doivent être pris en compte, notamment sur les projets d’établissement, l’organisation de la vie quotidienne ou encore la restauration.
  • Les familles peuvent y soumettre des questions, suggestions ou alertes concernant le respect des droits.

Par ailleurs, chaque résident doit pouvoir s’exprimer librement, déposer une plainte ou faire valoir un désaccord sans crainte de répercussions. Les coordonnées de la personne de médiation ou de la commission des usagers doivent être affichées de façon visible (circulaire DHOS/SDO/2006/143).

Protection juridique : tutelle, curatelle, mandataire…

La situation médicale des personnes en USLD conduit parfois à des mesures de protection juridique. La loi distingue plusieurs dispositifs :

  • Tutelle : mise en place lorsque la personne n’est plus apte à exercer ses droits elle-même. Un tuteur prend alors en charge ses intérêts.
  • Curatelle : accompagnement par un curateur pour certains actes importants, en laissant plus d’autonomie à la personne protégée.
  • Mandat de protection future : permet d’anticiper et d’organiser sa protection tant qu’on est encore lucide (source : service-public.fr).

La présence d’un représentant légal ne prive pas la personne de son droit à être informée, consultée ou associée aux décisions, même si le consentement formel relève du représentant. Les familles jouent souvent un rôle-clé pour veiller au respect de cette ligne de conduite.

La fin de vie et les directives anticipées

Le respect de la volonté de la personne en matière de fin de vie est un enjeu central du droit des patients en USLD. Depuis la loi Leonetti-Claeys de 2016, chaque résident peut rédiger des directives anticipées indiquant ses souhaits concernant d’éventuelles limitations ou l’arrêt de traitements.

  • Ces directives sont consultées par l’équipe médicale en cas de situation critique, et prévalent sur les demandes ultérieures des proches, sauf indication contraire (article L1111-11 du Code de la santé publique).
  • Moins de 20 % des résidents d’USLD disposent aujourd’hui de directives anticipées formalisées, un enjeu majeur selon le Comité Consultatif National d’Éthique.

La loi garantit l’accès aux soins palliatifs, le refus de l’acharnement thérapeutique, et la prise en compte de la douleur, quelles que soient les convictions ou la situation de la personne.

Faire valoir ses droits : outils, recours et accompagnements

Malgré le cadre protecteur, des difficultés persistent dans certains établissements : absence d’information, manque d’écoute, défaut d’accompagnement… Plusieurs dispositifs existent pour agir :

  • La personne de confiance : chaque résident peut désigner un proche pour l’accompagner et servir d’intermédiaire vis-à-vis de l’équipe médicale.
  • La commission des usagers : médiatrice, elle peut aider à résoudre à l’amiable les litiges ou signaler des dysfonctionnements (art. L1112-3 Code de la santé publique).
  • Les associations agréées : France Assos Santé, UFC-Que Choisir, AD-PA (Association des Directeurs au service des Personnes Agées) proposent conseils et soutien.
  • Le Défenseur des droits : saisine possible en cas de manquements graves, de discrimination ou d’absence de réponse (plus de 1 200 saisines concernant le secteur médico-social en 2022, source : Défenseur des droits, rapport 2023).

Perspectives : vers un accès renforcé aux droits en USLD

Le respect des droits en unité de soins longue durée n’est pas un acquis définitif mais une vigilance de chaque instant, en lien avec les équipes, les proches, et les autorités publiques. L’information, le dialogue, et la participation des familles demeurent incontournables pour donner tout son sens à l’accompagnement des aînés les plus vulnérables. Les innovations en matière de médiation, les démarches participatives au sein des CVS, et la généralisation de formations sur les droits du patient sont des pistes encouragées par le ministère de la Santé.

Mieux connaître ces droits, les faire vivre concrètement et savoir comment agir en cas de difficulté : voilà le socle d’un accompagnement respectueux de la dignité des personnes accueillies en USLD. Pour aller plus loin ou signaler une situation particulière, les conseillers locaux et associations restent à votre écoute, tout comme les membres du collectif Partenaires Aînés, Ressources, Solidarité.

Sources :

  • Drees : Rapport établissements hébergeant des personnes âgées 2023
  • Haute Autorité de Santé : Référentiel qualité de vie en USLD
  • France Assos Santé : Baromètre des droits des patients 2021
  • Service-public.fr : Protection juridique des majeurs
  • Défenseur des droits : Rapport secteur médico-social 2023
  • Légifrance : Code de la santé publique (extraits sur les droits du patient, CVS, directives anticipées)

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