USLD ou EHPAD : Comment distinguer ces deux modes d’accueil pour personnes âgées ?

24/09/2025

Des structures aux missions et publics distincts

Si EHPAD et USLD sont deux dispositifs d’accueil pour personnes âgées, leurs missions, leur fonctionnement et le profil des résidents y diffèrent sensiblement. C’est avant tout la nature et l’intensité des soins qui font la distinction.

EHPAD : hébergement, accompagnement, cadre de vie

  • Dédié aux personnes âgées de plus de 60 ans, en perte d’autonomie, mais qui ne nécessitent pas un suivi médical lourd et continu.
  • L’EHPAD vise à garantir l’accompagnement dans la vie quotidienne (toilette, repas, loisirs), tout en intégrant un suivi médical adapté (médecin coordonnateur, infirmières, aides-soignants).
  • Les EHPAD peuvent accueillir des personnes jusqu’au GIR 1 (dépendance sévère, selon la grille AGGIR), mais celles qui nécessitent des actes médicaux techniques multiples et complexes ne relèvent généralement pas de ce type d’établissement (source : service-public.fr).

USLD : le médical au cœur du dispositif

  • L’USLD est un service hospitalier, historiquement appelé auparavant « long séjour », destiné à des personnes très dépendantes, souvent inaptes à toute vie autonome et présentant des pathologies chroniques multiples (polypathologie, troubles cognitifs lourds…).
  • Pas d’âge minimum légal, contrairement à l’EHPAD, bien que la majorité des résidents aient plus de 75 ans.
  • La particularité de l’USLD : une présence médicale quotidienne, avec médecins et équipes soignantes sur place en continu, 24h/24.
  • La capacité d’accueillir des personnes totalement grabataires, alimentées de façon artificielle, ou présentant des troubles neurodégénératifs avancés (source : Ministère de la santé).

Niveau d’autonomie et profil des personnes accueillies

La grille AGGIR mesure la dépendance selon six niveaux (GIR 1 à GIR 6).

  • EHPAD : accueil majoritairement des personnes classées entre le GIR 1 et le GIR 4, pouvant être poly-pathologiques mais capables de participer plus ou moins à la vie de l’établissement.
  • USLD : résidents en GIR 1 ou 2 quasi exclusivement. Ce sont des personnes très lourdement dépendantes, dont l’état nécessite une surveillance médicale constante et des soins quasi continus.

Selon la Drees (étude 1443, 2021), plus de 90 % des personnes hébergées en USLD souffrent d’incapacités motrices sévères et cochent plusieurs critères de grande vulnérabilité médicale. En EHPAD, la population est un peu plus hétérogène : on y observe des degrés de dépendance plus variés et des profils socio-médicaux plus divers.

Quelle organisation des soins ?

Le suivi médical : une différence fondamentale

  • USLD : l’accent est mis sur la continuité des soins, la surveillance rapprochée, la gestion de traitements complexes, la prévention des complications liées à l’alitement permanent (escarres, troubles de la déglutition, infections). Des protocoles hospitaliers stricts sont appliqués, et les équipes sont étoffées (médecins, infirmiers, aides-soignants jour et nuit, kinés résidents, psychologues réguliers).
  • EHPAD : si le suivi infirmier et l’accompagnement médical sont bien présents, les actes médicaux lourds et la compétence technique sont moindres comparés à l’USLD. Le médecin coordonnateur n’est pas présent à plein temps ; le résident conserve le plus souvent son médecin traitant. En cas de pathologies aiguës ou d’évolution rapide, un transfert hospitalier est généralement nécessaire.

Un panel d’activités et d’accompagnements différents

  • EHPAD : les établissements s’efforcent de proposer une vie sociale stimulante, avec animation, ateliers thérapeutiques, sorties adaptées, etc. Les lieux sont pensés pour des personnes qui peuvent s’impliquer, même modestement, dans des activités collectives ou des échanges sociaux.
  • USLD : l’objectif est surtout de maintenir le confort, de prévenir la douleur, et d’accompagner la fin de vie. L’accent est mis sur la qualité des soins quotidiens et l’écoute des besoins médicaux. Les activités sont adaptées à des personnes dont les capacités sont très réduites.

Cadre juridique et admissions : procédures et critères

  • EHPAD :
    • Admission basée sur la dépendance (GIR), après avis médical.
    • Dossier unique d’admission, partagé au niveau départemental, permettant de candidater simultanément auprès de plusieurs établissements.
    • La demande peut être initiée par la famille, l’aidant ou un référent médical.
  • USLD :
    • Admission médicalement justifiée : il s’agit de répondre à un besoin de soins lourds, souvent après séjour hospitalier.
    • Commission d’admission regroupant médecins hospitaliers, équipe soignante, et le médecin coordonnateur.
    • Liste d’attente parfois longue en raison du nombre limité de places : tout l’hôpital ne dispose pas d’une USLD.

En France, en 2022, on compte environ 600 USLD, pour près de 30 000 places, contre plus de 7 500 EHPAD offrant près de 610 000 lits (Insee, Panorama des établissements pour personnes âgées, 2023). Cela illustre la spécificité et la relative rareté des USLD.

Les coûts : comprendre les différences tarifaires

Tarification en EHPAD

  • Le coût en EHPAD comprend trois volets : l’hébergement, le tarif dépendance (lié au GIR du résident), le tarif soins (pris en charge par l’Assurance maladie).
  • En 2023, le coût médian mensuel pour un résident en EHPAD s’élevait à 2 049 euros (source : CNSA 2023), avec des variations importantes selon la localisation ou le caractère public/privé de la structure.
  • Des aides financières existent : aide sociale à l’hébergement (ASH), allocation personnalisée d’autonomie (APA), aides au logement, etc.

Tarification en USLD

  • La tarification est plus proche de l’hospitalisation : hébergement + forfait soins élevé (majoritairement financé par la Sécurité sociale, le reste à charge est l’hébergement).
  • Reste à charge pour les familles généralement autour de 2 000 euros par mois, ce qui est souvent similaire à un EHPAD public mais avec davantage de soins (source : ATIH 2023).
  • L’ensemble de la prise en charge médicale est, dans la quasi-totalité des cas, financé par l’État (Assurance maladie).

À noter : les aides sociales peuvent également s’appliquer en USLD, mais la gestion administrative est parfois moins lisible pour les familles.

La vie au quotidien : points clés à retenir pour faire son choix

Au-delà des structures et des finances, ce sont les besoins fondamentaux de la personne qui guident le choix.

  • L’EHPAD est centré sur la vie sociale et l’accompagnement médicalisé, mais il nécessite un certain niveau de participation ou d’autonomie résiduelle. Il est idéal pour des personnes âgées dépendantes, mais stables, ou présentant des troubles cognitifs légers/modérés.
  • L’USLD prend le relais lorsque le maintien à domicile ou en EHPAD n’est plus possible, notamment en raison de pathologies très lourdes, d’une incapacité motrice totale, d’une incapacité à communiquer ou à exprimer ses besoins, ou d’une fin de vie proche nécessitant des soins constants.

Quelques signes d’alerte pour envisager une USLD :

  • Impossibilité totale de se déplacer (grabatisation prolongée)
  • Besoin d’aide pour tous les actes vitaux (alimentation, respiration, évacuation)
  • Prise en charge lourde et pluridisciplinaire (multiples actes médicaux quotidiens)
  • Échec de l’accompagnement en EHPAD ou à domicile

USLD/EHPAD : exemples de parcours, points d’attention

De nombreux parcours débutent par le maintien à domicile et, selon l’évolution, une orientation vers l’EHPAD ou directement vers l’USLD, en particulier après un séjour hospitalier prolongé. Selon l’ONFV (Observatoire national de la fin de vie, rapport 2022), près d’1/3 des entrées en USLD surviennent après une hospitalisation. Le passage d’un EHPAD à une USLD n’est pas systématique, et requiert une réévaluation médicale poussée.

Une question fréquente des familles : « Peut-on choisir librement entre EHPAD et USLD ? » La réponse est nuancée : si la place en EHPAD est conditionnée à la dépendance, celle en USLD dépend d’un strict avis médical et de la disponibilité des lits, qui restent limités.

Outils pour s’orienter et s’informer

S’informer en amont et s’entourer d’un professionnel (médecin traitant, assistante sociale, équipes hospitalières) demeure essentiel pour orienter vers la meilleure solution.

Comprendre pour mieux accompagner le choix

Les différences entre USLD et EHPAD ne se jouent pas seulement sur la question du niveau de dépendance, mais également sur la nature du projet de vie, la dimension médicale, et les besoins propres à chaque situation. Les places étant limitées en USLD, l’anticipation et l’accompagnement des démarches sont primordiaux. Il existe aussi des alternatives et des solutions intermédiaires à explorer, comme les accueils temporaires, l’hospitalisation à domicile (HAD), ou certains services de gériatrie ambulatoire, selon la situation individuelle.

Chaque parcours est unique : prendre le temps de bien s’informer permet de préserver la dignité, la sécurité et le bien-être des aînés, et d’offrir à leurs proches un allié solide dans la traversée du grand âge.

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